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Ixelles, Place E. Flagey. 18h11
— Bonjour, moi c’est Victor. Je serai votre chauffeur sur les quelques kilomètres que nous allons parcourir ensemble. J’espère que nous passerons un agréable trajet.
C’est sa manière, avec un doigt d’hypocrisie, d’accueillir le client. De la bonne humeur à revendre et même s’il y en a trop, c’est cadeau. Mais l’homme qui vient de monter dans sa voiture n’en a pas grand chose à foutre. De son rétroviseur central, Victor l’observe en train de s’installer amenant avec lui un nuage de tabac. Assez grand, chevelure soyeuse avec un certain volume, barbe grisonnante d’une petite semaine voir un peu plus qui cache un visage saillant, peau mate et lunette de soleil type aviateur. Un gars conscient de la classe qu’il dégage. Victor démarre, l’application sur son smartphone lui indique automatiquement la destination sans que le client le lui fasse part. Certainement pratique, mais du coup, l’homme assis à l’arrière l’ignore comme ses propres mégots qu’il éjecte de son fier index par la fenêtre arrière. L’application indique à Victor le temps estimé du trajet : 38 minutes, avec la circulation. Ne se laissant pas piétiner comme une vulgaire clope, Victor insiste nonchalamment :
— Vous êtes du coin ?
