Premier contact

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Cela faisait maintenant presque trente ans que Jacques gravitait autour de la Terre. Trente longues années, seul dans une station orbitale. Difficile de connaître avec précision à partir de quel moment il a été oublié. Ça s’est fait comme ça, l’air de rien, sans que personne ne s’en rende compte. Le contact qu’il entretenait avec la Terre était régulier mais espacé habituellement de quelques mois. Jacques n’était donc pas inquiet quand cinq mois s’étaient écoulés sans communication.

Ni après sept mois.
Ni après neuf mois.
Cela pouvait être normal. Disons plutôt que cela n’était pas anormal.

Mais au fur et à mesure que le temps passait, que les mois s’additionnaient pour former des années, Jacques était de plus en plus anxieux d’établir le contact. Comme gêné de ne pas l’avoir fait plus tôt.

Se souviennent-ils encore de lui ? Qu’allait-on dire de lui?

Et plus le temps passait, plus la gène grandissait. Après quelques années, à laisser filer le temps et les occasions, il était complètement paralysé d’établir ce premier contact. Une anodine communication, comme tant d’autres avant elle, s’était transformée en un premier contact.

Trente ans maintenant à espérer qu’ils fassent le premier pas.
Trente ans à regarder l’émetteur, à être à l’affût du moindre petit grésillement que le haut-parleur produisait.

Trente ans de silence.

Il ne sait plus très bien s’ils l’ont oublié ou s’il s’est laissé oublier. Était-il le dernier survivant de l’espèce humaine? Pour le savoir, il lui suffirait d’enclencher l’émetteur et de parler dans le micro. Mais la gène s’est muée en peur : et si personne ne lui répondait ? Il serait alors seul pour l’éternité.

Et cette réponse le pétrifiait.

Donc il attendait. Seul. Presque trente ans maintenant…

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