Route Lubéronne

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[…]
Nous étions désormais tous liés. Et je me rendais compte que cette fuite, au lieu de nous libérer, ne faisait finalement que renforcer ce lien. Au plus les mètres s’additionnaient, au plus nous étions scellés les uns aux autres. Et Axel roulait très vite. Pas de retour en arrière possible. La fuite en avant était la seule solution. Ce n’était même pas une solution. Juste l’effet d’une cause.

Il n’y avait pas de plan B.
Il n’y a jamais de plan B.

Juste le putain d’instinct de survie qui te fait avancer, qui te pousse à fuir, car rester, c’est crever dans la merde. Sa merde, celle qu’on vient de pondre. A cet instant précis, plus rien ne compte à part vivre. Ou plutôt survivre. Quitte à buter Jean-Yves et son chapeau à la con. A cet instant, pour préserver ma survie, il mériterait de crever pour son chapeau de connard. Le dérapage n’est pas loin.

Axel roulait trop vite. Un coup d’accélérateur mal dosé, un mouvement trop brusque du volant, une seconde d’inattention et la vielle 2CV d’Axel pourrait se retourner. Finalement c’est peut-être notre seul issue. Mais on ne se retournera pas. Question de survie ? Non, nous sommes simplement trop lâches pour provoquer notre salut. On préfère se battre…

La vaste blague.
Et Jean-Yves qui chiale.
Et Jean-Yves qui porte son chapeau à la con.
Et Jean-Yves qui fait le lourd.
Dégage Jean-Yves, tu fais chier. J’ai besoin de me battre. Qu’importe le comment, qu’importe la raison. Mais putain : se battre.

En se mangeant le macadam, Jean-Yves ne comprenait sans doute pas pourquoi je l’avais dégagé comme ça par la portière. L’instinct ne s’explique pas. Il ne se comprend pas.

L’instinct arrive, passe et s’en va. Après, on compte les dégâts. Et Jean-Yves était le dégât. C’était la seule chose qu’on pouvait en conclure. Mais ça aurait pu très bien être moi si Fred l’avait voulu – c’est Fred qui a le flingue – et si Fred s’était retourné sur moi pour m’en coller une en pleine tête car, je cognai du genou l’arrière de son dossier depuis qu’on était parti.

Nous étions sur les nerfs. Rien qu’un…

— BANG!
[…]


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